On attendait monts et merveilles de la rencontre tant attendue entre Elyes Fakhfakh et Nabil Karoui. Le président de Qalb Tounès et le chef du gouvernement désigné se sont, enfin, rencontrés pour parler du programme du prochain gouvernement mais sans convenir de ce que les Tunisiens attendaient dans la mesure où Nabil Karoui a lui-même mis les points sur les i en déclarant que son parti ne sollicitera pas de portefeuilles ministériels et n’exigera pas d’être au pouvoir.
A l’actif d’Ennahdha, de son président Rached Ghannouchi, occupant aussi le poste de président du Parlement, de son Conseil de la choura, de son bureau exécutif et de ses leaders les plus influents et les plus médiatisés comme Noureddine B’hiri, Samir Dilou, Abdelhamid Jlassi, Abdellatif Mekki, Abdelkrim Harouni, Imed Khemiri, les Tunisiens ont vécu une semaine mouvementée jalonnée de véritables craintes et de menaces effectives de voir le futur gouvernement Fakhfakh tomber bien avant que son chef ne parvienne à en choisir les membres et à s’adresser aux députés pour solliciter leur confiance.
Dans une atmosphère étouffante chargée de pressions quotidiennes, de tirs amis et de «conseils amicaux», Ennahdha a tout fait pour qu’Elyes Fakhfakh change de position et accepte de rencontrer (dans l’objectif de faire associer son parti à la composition du gouvernement) Nabil Karoui, président de Qalb Tounès, et écoute ses propositions et son approche quant à la formation du prochain gouvernement et à l’élaboration du programme sur la base duquel il obtiendrait la confiance du Parlement.
Et le miracle de se produire, enfin, sur la demande pressante, insistante, voire menaçante, de Rached Ghannouchi, sous sa supervision et son encadrement personnel et «paternel» (dira plus tard Yadh Loumi, l’un des membres influents de Qalb Tounès), à son domicile et sous sa bénédiction tant recherchée.
Elyes Fakhfakh et Nabil Karoui sont, enfin, allés à la rencontre, l’un et l’autre, chez «le nouveau père de la nation», «le sage dont la Tunisie a besoin aujourd’hui» (dixit Yadh Elloumi toujours) pour parler ensemble le langage de la franchise, de la vérité et du courage, qualités essentielles des hommes politiques dont le peuple attend les réponses idoines à ses préoccupations, à ses problèmes et à ses aspirations.
Et la rencontre-miracle tenue à la cité El Ghazela, doublée de l’entretien-événement tenu, hier matin, à Dar Dhiafa entre Nabil et Elyes d’enfanter un non-événement, d’aboutir à une déclaration livrée par Karoui selon laquelle son parti «ne revendiquer aucun portefeuille ministériel et n’exigera pas non plus d’être au pouvoir».
Finalement, cette rencontre présentée par certaines parties comme étant un tournant décisif dans le processus de formation du gouvernement dans la mesure où Fakhfakh s’est trouvé dans l’obligation de satisfaire les desiderata d’Ennahdha n’a abouti à aucune concession tangible et a donné lieu à une déclaration ordinaire livrée aux médias par Nabil Karoui.
Tant de bruit, de salive, de commentaires, d’écrits et de d’analyses savantes ayant occupé les Tunisiens près d’une semaine n’ont, en fin de compte, contribué en rien à changer la donné dans un sens ou dans l’autre.